30 Kilos – Viktoria Tremmel

C’est à l’occasion d’une résidence dans la ville de Cesky Krumlov que Viktoria Tremmel fut interpellée par la pesanteur provoquée par l’omniprésence militaire, tant dans l’héritage historique (le communisme) que dans le quotidien (les casernes, les troupes et les modes vestimentaires). Le costume militaire largement plébiscité par les jeunes recouvre ainsi une forte valeur symbolique, constituant des repères destinés à construire une identité.

L’artiste a décidé d’analyser ce sentiment de pesanteur avec ses propres moyens artistiques : une performance qui consiste à escalader une structure et des obstacles en bois, vêtue d’un costume militaire lesté de 30 kilos et de simuler ainsi un entraînement en s’appropriant ces techniques radicales destinées à endurcir les corps et les esprits afin de trouver et de dépasser ses propres limites.

Tomber, se relever, poursuivre… En allant au-delà de ses propres forces, Viktoria Tremmel cherche à comprendre la pression exercée physiquement et psychologiquement par le poids, et ses conséquences sur la maîtrise de soi, sur la conscience de son propre corps et de son esprit (état d’ivresse décrit par l’artiste) et l’impossibilité d’évoluer librement dans l’espace (épuisement). L’artiste met à l’épreuve et observe son corps, la diminution de ses capacités, de son intégrité… Le costume constitue dans le cas présent un handicap car il place l’individu en situation d’échec en brouillant la perception de son propre corps.

Cette expérience sera partagée avec les visiteurs de l’exposition à travers un dispositif évoquant le parcours d’entraînement que l’artiste avait installé dans son atelier. Cette structure prend la forme d’un mirador au sommet duquel est placé un moniteur montrant la vidéo de la performance 30 Kilo (2006-2007). En accentuant le réel et en exposant progressivement la violence dans la durée, la vidéo devenue écran de contrôle exprime et dénonce la dureté et la vacuité de l’acte militaire tandis que le mirador évoque l’idée étouffante et douloureuse d’un espace de non-liberté. L’oeuvre détourne la fonction d’observation du mirador et transforme le spectateur en observateur passif d’un combat entre l’esprit et le corps dont l’issue est incertaine.

En utilisant l’absurde comme arme pour mettre en lumière les limites imposées à l’individu dans son intégrité ainsi que son identité par le concept militaire, l’artiste interroge plus globalement la pertinence du recours à la force dans la recherche de ses propres limites. L’installation et les œuvres graphiques associées témoignent métaphoriquement de la douleur que représente la quête de la connaissance de soi.

L’art est un acte de résistance selon Deleuze. Viktoria Tremmel lutte à travers sa performance contre la banalisation de la violence physique et psychologique qui aliène l’individu bien qu’elle soit cependant encore largement répandue dans une époque aux repères mobiles où chacun recherche des méthodes et des valeurs afin de se trouver soi-même.

Tomber, se relever et poursuivre… Viktoria Temmel expérimente avec 30 Kilo de quelle manière la banalisation de la force représente une méthode aussi radicale qu’absurde dans la quête de soi.

Vernissage de l’Exposition « Urban Jungle » avec les oeuvres de Viktoria Tremmel et Sophia Schama le 31 octobre 2008 à la
HAMISH MORRISON GALERIE
HEIDESTRASSE 46-52
(Derrière la Hamburger Bahnhof)
10557 BERLIN
TEL +49 (030) 280 40577

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s