Le musée des Beaux Arts d’Orléans présente la première rétrospective de Claire Adelfang, artiste diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, dont le travail vient récemment d’entrer dans plusieurs collections publiques françaises. Le musée ouvre ainsi une saison dédiée à la photographie en consacrant deux expositions simultanées à la création contemporaine.
En empruntant un fragment d’un poème de Gherasim Luca pour servir de titre à « Impossible façon » sa première exposition monographique muséale, Claire Adelfang souligne le caractère implacable et sans artifice de son regard photographique. Ce regard privilégie la plupart du temps des lieux abandonnés, témoins silencieux d’une époque révolue. Elle construit ses images de façon à rendre sensible ce qu’elle évoque volontiers avec l’expression « les strates de l’histoire ». Ce mot de strate est d’autant mieux choisi qu’il évoque ces accumulations de sédiments – stratification – que l’archéologue dégage et analyse l’une après l’autre afin de comprendre un lieu et son histoire, le passage du temps et les traces souvent emprisonnées du vivant disparu.
La beauté est secondaire et presqu’accidentelle. Le format carré de son fidèle Rolleiflex produit des images qui ne cèdent cependant à aucun artifice de symétrie, de couleur ou de dissimulation. Cette beauté émerge indirectement à mesure que le spectateur prend conscience de la profondeur de ces images, et cette beauté ressentie est d’autant plus puissante qu’elle n’est pas que rétinienne. Elle resurgit, augmentée de la richesse historique révélée par l’artiste, sensible aux fragments insignifiants qui rappellent que la mémoire est un concept destiné aux vivants.
Commissariat : Matthieu Lelièvre
Un catalogue est publié par le Musée des Beaux Arts d’Orléans comportant une introduction d’Olivia Voisin, Directrice des musées d’Orléans, un essai de Matthieu Lelièvre et une interview de l’artiste par Etienne Hatt