Une exposition sur le mode du cadavre exquis
MAC Lyon, 08/03/19 – /07/0719
Note à l’intention des artistes : Chourouk Hriech, Antoine Bellini et Lou Masduraud, Sarah Bichao, Celsian Langlois, Hannelore van Dijck, Violaine Lochu
Le MAC Lyon prépare un projet qui fera de la résidence, du temps de production, de l’échange entre les artistes le coeur même du projet artistique en inversant le temps, les rôles et la dynamique habituelle d’une exposition muséale. Elle sera conçue comme un processus de production continue et une nouvelle manière de penser la relation entre le spectateur, l’artiste et le musée.
Le principe du cadavre exquis des surréalistes, ces dessins successifs sur une feuille de papier pliée qui suggère au dessinateur suivant une fraction du dessin précédent, et formant à la fin un objet ou un être extraordinaire, fruit du hasard et des créativités cumulées et juxtaposées, servira d’inspiration pour bouleverser le principe du montage, de la présentation du travail des artistes et, à travers la transmission, la narration et son approche, peut être même son appropriation par le public.
Pendant plusieurs mois, sept artistes seront invités, sous le format d’une résidence courte, à mettre en œuvre un projet avec l’équipe curatoriale, en tenant compte du travail de l’artiste précédemment invité, afin d’investir le macLYON sur une période allant d’une à trois semaines. L’exposition commencera dès la première intervention sur une invitation à penser la vibration, l’onde et la composition.
Le protocole :
L’exposition commencera dans une salle occupée seulement de matériaux de construction ou de production et quelques murs installés par anticipation (futures cimaises, plâtre, terre, mobilier, en fonction des pratiques qui seront ensuite développées). Le premier artiste entame l’action en défiant le white cube et en assumant une première intervention artistique. Peinture murale, installation, performance, cette contribution deviendra le premier maillon d’une chaîne qui se développera et évoluera pendant tout le temps de l’exposition. Les artistes suivants poursuivront ce premier geste afin d’augmenter le projet de leur propre créativité, constituant ainsi une exposition dont le vernissage aura lieu au cours du processus. Chaque artiste sera invité a adresser 3 questions a son prédécesseur afin d’interroger son intention. Il pourra s’en servir pour inspirer sa propre réflexion, ces échanges constituant le socle du catalogue.
L’exposition se composera in fine des différentes productions (architectures, sculptures, peintures murales) et d’une documentation successive des performances sous forme de films et de photographies produites au fur et à mesure que les interventions prendront place. Il ne s’agira donc pas pour le public de découvrir une exposition figée et accomplie, mais de vivre sa construction et son développement, véritable problématique du projet. Cette capacité des artistes à s’approprier et à s’écouter les uns et les autres ainsi qu’à developper un discours tantôt en harmonie, tantôt en dissonance, produira la tension inhérente à une exposition représentative de la création actuelle qui cherche à bousculer les codes traditionnels de la narration et à renouveler le sens même du partage avec les publics. Le propos curatorial reposera notamment sur le fait d’interroger la vision des artistes et leur tendance à converger et à diverger, en leur donnant les moyens de réinventer leur propre pratique au sein d’un laboratoire. Quel type de discours émergera ?
Commissaire : Matthieu Lelievre; Commissaire associée : Marilou Laneuville
Photographies : Blaise Adilon
Matthieu Lelièvre 