MAXWELL ALEXANDRE PARDO É PAPEL DU 08.03 AU 07.07.2019
Le Musée d’art contemporain de Lyon offre à Maxwell Alexandre, jeune artiste brésilien, sa première exposition monographique hors du Brésil, pour laquelle il crée, en résidence au musée en février, de nouvelles peintures.
Commissaire : Matthieu Lelièvre

Extrait du communiqué de presse : Maxwell Alexandre s’inspire de sa vie dans la favela Rocinha à Rio de Janeiro pour créer une œuvre narrative, complexe et engagée, dans un Brésil en tension. Il construit un univers singulier à partir d’œuvres à la fois fragiles et puissantes. Inspirées de la peinture murale, de la musique rap et de sa pratique du roller qui a profondément influencé sa perception de l’espace urbain, Maxwell Alexandre capte l’énergie de la ville. Ses œuvres représentent le collectif et soulèvent de nombreuses problématiques sociales, culturelles et politiques. Sur di¦érents supports comme du papier brun, des portes et des cadres de fenêtres en fer, se dessinent des situations de la vie quotidienne dans lesquelles des groupes d’individus anonymes aux visages à peine esquissés (femmes, enfants en uniforme, ouvriers des services urbains, policiers…) circulent dans les rues et les ruelles de Rocinha, la plus grande favela de Rio de Janeiro, où il vit et travaille. En réalisant des fresques monumentales et populaires l’artiste, par sa peinture fluide et précise, célèbre le corps afro-brésilien dans une position assumée de pouvoir. En 2019, le Musée d’art contemporain de Lyon ore à Maxwell Alexandre, jeune artiste brésilien, sa première exposition monographique hors du Brésil. À cette occasion, le musée accueille l’artiste pour une résidence d’un mois à Lyon, durant laquelle il réalise de nouvelles peintures. Le titre de l’exposition Pardo é Papel fait référence en portugais, à travers l’emploi du mot Pardo, aux teintes des peaux brunes qui furent largement associées à l’esclavage et au colonialisme. Pardo est ici amplifié par le papier kraft « Papel » qu’emploie à dessein Maxwell Alexandre pour incarner l’affirmation des communautés afro-descendantes.

Maxwell Alexandre, parallèlement à ses études d’art à Rio de Janeiro (Brésil) et son service militaire, a pratiqué le roller à un niveau professionnel de 14 à 24 ans. Intéressé par l’art, il essaie de combiner les deux disciplines : « J’AI COMMENCÉ PAR LA PEINTURE ABSTRAITE PARCE QUE C’ÉTAIT UNE BONNE TRANSITION ENTRE ROLLER ET ART .» « JE METTAIS DE LA PEINTURE AU SOL, ROULAIS DEDANS AVEC MES ROLLERS » puis il décalait régulièrement la toile, créant des lignes abstraites sans contrôler le dessin ou la peinture. Il s’agissait d’imiter les mouvements du roller sous forme de peinture. « LA QUESTION ÉTAIT DE SAVOIR COMMENT JE POURRAIS METTRE LA MÊME SENSATION DANS MA PEINTURE. » Au lieu d’un « white cube », Maxwell Alexandre choisit de présenter son premier solo show dans son ancien atelier d’un complexe sportif de Rocinha. « Mon premier atelier était dans le complexe […]. Cela a commencé il y a deux ans, c’était ma première expérience en studio. C’était ma période la plus intense en tant qu’artiste. » Le choix de l’espace est inhabituel. Parmi les rings, les skaters et l’odeur persistante d’eaux usées, Maxwell Alexandre y expose onze grandes peintures, toutes de 4,75 sur 3,60 mètres. Ce n’est pas seulement leur format qui marque, mais aussi leur contenu : des scènes de la vie quotidienne à Rocinha. Maxwell Alexandre estime que « CETTE SÉRIE EST IMPORTANTE PARCE QU’IL S’AGIT D’UNE QUESTION VRAIMENT CONTEMPORAINE, CELLE DE L’ÉMANCIPATION DES NOIRS. » « JE PENSE QUE PARFOIS, IL FAUT FRAPPER LE RACISME EN PLEINE FACE, MAIS JE N’AI PAS LE COURAGE DE FRAPPER PHYSIQUEMENT QUELQU’UN, ALORS JE LE FAIS EN PEINTURE. » « JE PRÉFÈRE PEINDRE, CAR PEINDRE N’EST PAS IMMÉDIAT. » Maxwell Alexandre déploie une poétique urbaine basée sur la construction de récits et de scènes issus de ses expériences quotidiennes en ville et à Rocinha, la plus grande favela de Rio, où il vit et travaille. Sur diérents supports tels que des bâches de piscines, des portes et des cadres de fenêtres en fer, émergent des personnages anonymes saisis dans des situations récurrentes de la favela. Ce sont des peintures de grand format dans lesquelles les corps afro-brésiliens sont présentés de manière autonome, mais aussi lors de confrontations avec la police, illustrant une routine communautaire contemporaine. Maxwell Alexandre met en avant les minorités, les di¡cultés et les violences de la vie dans la favela, ainsi que la question des afro-brésiliens. « A POLITICAL AND CONCEPTUAL ACT THAT I WAS ARTICULATING IN DOING THIS : PAINTING BLACK BODIES ON BROWN PAPER. SINCE THE COLOR BROWN WAS USED FOR A LONG TIME TO OBSCURE NEGRITUDE. » Il fait partie d’un petit collectif qui a créé sa propre église, mais une église d’un genre inhabituel. Maxwell Alexandre le dit très simplement : « C’est une église d’art. C’est juste cela. » Également appelée l’église du royaume de l’art, ou parfois A Noiva (l’épouse), c’est une sorte d’o¦rande symbolique à la divinité de l’art. Tous les deux mois, les artistes et designers de A Noiva organisent une exposition publique pour présenter leur travail. Ils nomment la série d’expositions Dízimo (dixième) , car 10% des dons sont réinvestis dans l’église. Chaque exposition se déroule dans un espace choisi par l’artiste et présente des œuvres de son choix. L’exposition Pardo é Papel est le deuxième Dízimo de Maxwell Alexandre, qui ne dure qu’une journée. « JE PENSE QUE A NOIVA EST IMPORTANTE PARCE QU’ELLE PERMET D’IMAGINER DES CHOSES QUI SERAIENT IMPOSSIBLES DANS LE SYSTÈME INSTITUTIONNEL. PAR EXEMPLE, DANS A NOIVA, NOUS CRÉONS UN ESPACE DANS LEQUEL VOUS POUVEZ PRÉSENTER DES ŒUVRES INACHEVÉES », explique Maxwell Alexandre. Raoni Azevedo, co-fondateur de A Noiva, fait écho à Maxwell Alexandre : « Comme la plupart des rassemblements artistiques sont organisés par des institutions artistiques bien établies, A Noiva essaie de créer une scène alternative, plus accessible, où chacun peut présenter son travail et où tous sont les bienvenus. »

Né à Rio de Janeiro (Brésil) en 1990, où il vit et travaille Maxwell Alexandre est diplômé en design graphique de la PUC-RJ (Université catholique pontificale de Rio de Janeiro) en 2016. En août 2017, Maxwell Alexandre fait partie de l’exposition collective Carpintaria para todos à la galerie Fortes D’Aloia & Gabriel. Il organise à Escola Surfe – Complexe Esportivo de Rocinha l’exposition Laje só. Ses œuvres intègrent la collection de la Pinacothèque de São Paulo et celle du MASP. En 2018, le jeune artiste Maxwell Alexandre est remarqué au Brésil et sur la scène internationale : – En septembre à la Berlin Art Fair dans l’exposition collective Recortes da Arte Brasileira. – À la galerie A Gentil Carioca (Rio de Janeiro) pour sa première exposition personnelle en galerie O Basmo de Maxwell Alexandre (Le baptême de Maxwell Alexandre), 21 juillet – 12 septembre 2018) et dans l’exposition collective Abre Alas 14. – Et au MASP (musée d’art de São Paulo) pour l’exposition collective Histórias AoAtlâncas (29 juin – 21 octobre 2018) consacrée comme l’une des meilleures expositions internationales en 2018 par le New York Times. – En décembre 2018, une de ses œuvres est présentée sur le stand de la galerie A Gentil Carioca à Art Basel Miami. Du 26 novembre au 24 décembre 2018, Maxwell Alexandre est en résidence à la Delfina Foundation à Londres, juste avant d’entamer sa résidence au macLYON en 2019, pendant laquelle il prépare son exposition qui se tient du 8 mars au 7 juillet 2019.
