Par Matthieu Lelièvre, Sao Paulo, nov. 2019
Raphael RG (*1986, Sao Paulo, Brésil), recourt à différentes formes de documentations allant de l’archive à l’expérience personnelle et s’intéresse en particulier aux formes de représentations des expériences affectives qu’il croise souvent avec des recherches portant sur l’identité raciale et qu’il restitues sous la forme d’installations, de performances, de lectures ou encore de publications. Il a rejoint la première “promotion” d’artistes invités à Black Rock, une nouvelle résidence créée à Dakar par le peintre américain d’origine nigériane Kehinde Wiley et inaugurée en mai 2019. Rafael RG qui vit et travaille entre Salvador et Belo Horizonte au Brésil, a accepté d’évoquer ses recherches dans le cadre de ce nouveau programme de soutien artistique au Sénégal qui l’accueillait cet automne.
Matthieu Lelièvre : Rafael, peux tu décrire ce qu’est Black Rock et ce qui t’y a amené?
Rafael RG: Black Rock est une résidence artistique basée à Dakar, au Sénégal. C’est un espace d’expérience, d’expérimentation, de création et de production artistique, pas uniquement dans le domaine des arts visuels, mais également ouvert à d’autres langages. Ce projet de résidence a été créé et est assumé par l’artiste américain Kehinde Wiley qui y travaille depuis environ 10 ans.
Plus qu’une résidence artistique, j’en suis aussi venu à comprendre Black Rock comme une extension du travail artistique de Kehinde. De la même façon que dans ses peintures, dans lesquelles il aborde des questions relatives à la représentation des Noirs dans l’histoire hégémonique de l’art, je vois Black Rock comme un lieu où, à travers la venue d’artistes et de penseurs noirs, issus de la diaspora africaine et des déplacements des Africains venus d’autres pays du continent est repensé et contesté le fait qu’une grande partie de la production intellectuelle circulant hors d’Afrique sur l’Afrique a été produite par des Blancs européens.
Une collègue artiste sud-africaine m’a envoyé l’appel à projet. Je n’étais jamais allé en Afrique de l’Ouest auparavant, même si j’ai eu une expérience au Maroc il y a quelques années, mais jamais en Afrique noire. J’ai lu l’avis et j’ai immédiatement pensé à postuler pour deux raisons. Ce serait ma première occasion d’être en Afrique. Le Brésil a été le pays qui a reçu le plus d’esclaves noirs. On estime qu’entre 1550 et 1860, environ 4,8 millions de personnes ont été amenées contre leur volonté de l’Afrique vers le Brésil, ce qui rend notre culture très étroitement liée à la culture africaine. Mais malgré ces relations historiques, la circulation d’artistes entre le Brésil et le continent africain n’est pas très soutenue, du moins du côté brésilien. Et bien sûr, voyager en Afrique serait un moyen de découvrir de nombreux questionnements liés à mes ancêtres.

Ce n’était pas tant que je n’avais pas d’intérêt à chercher mes origines, de trouver «mon passé», mais au contraire, j’ai toujours compris mon désir de connaître l’Afrique comme un moyen de me connecter à mon propre avenir, découvrir des histoires, des faits et des cultures qui ont été arrachés à mes ancêtres pour construire, dessiner, imaginer un avenir. Comme un moyen de me nourrir pour aller de l’avant.
L’autre motivation vient du fait qu’en raison de la situation politique actuelle de mon pays en matière de démantèlement de la culture, processus entamé dès le coup d’État parlementaire de 2016, qui a démis de ses fonctions la présidente élue Dilma Rouseff, postuler à des résidences, des projets et des bourses internationales est devenue une alternative pour faire face au déclin vertigineux des investissements publics dans le domaine de la culture au Brésil.
M.L.: Le programme a annoncé 16 artistes pour la saison 2019 – 2020 et vous êtes invités à rester entre 1 et 3 mois, 3 artistes à la fois est-ce correct? Qui est en résidence en même temps que toi? As tu des échanges artistiques avec eux? Y a-t-il une émulation, des collaborations? Et comme tu comptes parmi les premiers artistes à vivre cette expérience, selon toi, quel sera l’esprit ou la philosophie de cette résidence?
R.RG.: Nous avons donc été choisis suite à un appel à projet auquel ont participé plus de 700 artistes et nous avons été sélectionnés par un groupe de 6 professionnels de l’art, comptant des artistes, des commissaires et des critiques. (Mickalene Thomas, Carrie Mae Weems étaient par exemple parmi les membres du jury).
Une grande partie des artistes font une résidence d’un mois. Je suis le seul à rester trois mois, j’ai donc déjà fréquenté deux groupes d’artistes différents. Nous occupons un grand studio de trois étages compartimentés, donc nous finissons toujours par observer et échanger sur ce que chacun est en train de produire. Nous faisons également beaucoup d’activités ensemble en dehors de Black Rock comme d’aller nous procurer du matériel ou de visiter des endroits pour nos recherches. Je me sens en quelques sortes toujours impacté par les recherches et les projets de mes collègues.
Et de ce que j’ai pu expérimenter jusqu’à présent, je crois sincèrement que Black Rock sera un lieu imprégné d’une philosophie permettant de penser à l’Afrique sous un angle contemporain et décolonial.
M.L.: Les interactions avec les gens sont eu coeur de ta pratique et dans l’esprit de Black Rock, les échanges avec la ville et les artisans locaux sont très encouragés. Comment soutiennent-ils cette porosité? Existe-t-il un programme qui vous aide à vous intégrer localement?
R.RG : La résidence est aussi animée par une équipe très attentive et très active sur la scène locale. Ma crainte initiale que Black Rock était une bulle coupée de la réalité artistique de la ville s’est dissipée dès mon arrivée, lorsque j’ai réalisé que le programme comprenait des activités et des connexions à la scène locale.
Dans mon cas, l’intérêt pour la collaboration ne se limite pas à contacter des personnes. Je cherche toujours la manifestation d’une affectivité pour que la collaboration soit établie comme un véritable échange. Cela me met dans une position où je me trouve au début plus enclin à l’écoute et à la contamination et souvent les connexions se font au hasard. Avant d’arriver à Dakar, j’avais l’intention de fabriquer des pièces en bois, peut-être en raison de la curiosité que j’ai développée pour les sculptures en bois que j’ai vues dans les livres sur l’art et la culture africaines. Je suis allé visiter un atelier d’artisans qui fabriquent des objets d’artisanat du bois et parmi eux se trouvait un « Rastafari ». Bien sûr, notre connexion a été immédiate, étant moi-même Rasta. Nous avons créé ainsi un certain type de complicité, même si nous ne parlons pas la même langue.
Après cette rencontre, j’y suis retourné et nous avons commencé à collaborer. Je lui ai raconté l’une de mes idées et il a trouvé la proposition intéressante. Nous avons alors commencé à travailler ensemble sur une série de petites sculptures.
M.L.: Le projet de recherche que tu as proposé de mener au cours de ta résidence consistait à examiner le terme “Góor-Jigéen”1 utilisé autrefois en Wolof pour désigner des hommes homosexuels au Sénégal, où apparemment et surtout à Dakar, en comparaison à d’autres pays africains, ils étaient relativement acceptés, en tout cas avant les lois coloniales et l’influence de l’islam. Ta pratique recourant régulièrement à l’étude d’archives, quel type de matériel as tu pu trouver et utiliser pendant tes recherches et comment as tu décidé de traiter un sujet aussi sensible?
R.RG : Je pense avoir trouvé deux types de documents d’archives différents, et l’un d’entre eux concerne les archives considérées comme officielles. Lors d’une visite aux archives nationales, j’ai par exemple trouvé des coupures de presse rapportant principalement des cas de violence, des scandales et d’emprisonnement d’homosexuels, ainsi que des informations relatives à la période à laquelle le gouvernement envisageait de modifier la loi interdisant les relations entre individus de même sexe. En dehors de ce type de matériel et contrairement à mes attentes, je n’ai pas eu accès à des documents relatifs à la période où les Góor Jigeen étaient largement acceptées2 dans la société.
L’autre type de documents d’archives que j’ai trouvé est lié à la tradition de l’oralité. Il n’est pas très difficile, lors de conversations informelles avec des gens du milieu de l’arts et des intellectuels locaux, de trouver des histoires sur les Góor Jigéen. Et souvent, ces récits coïncident à bien des égards: la Góor Jigeen remplissait des fonctions sociales, agissait en tant que maîtresse de cérémonie notamment lors de fêtes et de cérémonies familiales telles que des mariages et des baptêmes. Elles étaient également connues comme d’excellentes cuisinières, ayant même une recette spécifique, comme une « sauce bixa » communément appelée « Thiébou gordjiguéne ».
Récemment, un collègue sénégalais m’a montré un mot dans lequel un journaliste affirmait que même lors du processus d’élection du premier président du Sénégal, les Góor Jigéen étaient présentes. À Saint-Louis, elles auraient organisé un grand défilé pour le candidat Léopold Sédar Senghor, avec de nombreux ornements, un défilé triomphant et, selon ce journaliste, la campagne dirigée par les Góor Jigéen a certainement contribué à la victoire électorale de Senghor.
Quelques années après l’indépendance et l’élection de Senghor, le 21 juillet 1965 a été signé l’article 319 : 3 de la loi fondamentale n° 65-60, qui criminalise les relations sexuelles entre des personnes de même sexe les condamnant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Malgré cela, jusque dans les années 1980, la renommée et la popularité des Góor Jigéen a grandit. Elles n’étaient pas nécessairement associées à une pratiques sexuelles spécifiquement homosexuelle, mais simultanément, différents scandales ont éclaté dans la presse, générant des controverses qui, associées à la répression dirigée par l’organisation islamique Jamra, ont directement associé le terme wolof à des pratiques sexuelles homosexuelles, de telle sorte que l’existence de telles figures dans la société s’est progressivement éteinte.
M.L. : Il a été observé dans de nombreux pays que c’est à cause des lois promulguées par les occupants que l’homosexualité est devenue un concept conscient bien que celui-ci soit bien-sûr déjà présent. Les lois répressives identifiaient clairement et marginalisaient les personnes, les mettant en danger, ce qui ne tend pas à s’améliorer… Quelle est ton opinion sur cette situation?
R.RG : On peut vraiment dire qu’en général, l’homophobie, telle que nous la connaissons aujourd’hui et ses effets, a été introduite en Afrique et en Amérique du Sud par les colonisateurs. En ce sens, la perpétuation des lois contre la population LGBTQI+ ne fait que révéler à quel point les relations coloniales sont encore très actives en Afrique, même si des pays ont depuis décrété leur indépendance. Ici au Sénégal, il n’est pas difficile de réaliser que les intérêts coloniaux français finissent par soutenir des groupes religieux spécifiques et que ces groupes agissent délibérément en réprimant la population LGBTQI+. Réprimer les minorités identitaires est un moyen de garder le pouvoir entre les mains de l’ex-colonie et de ceux qui soutiennent ce système politique. C’est impressionnant au Brésil, comme en si peu de temps sous le nouveau gouvernement, des décisions contre la population LGBTQI+ et contre la culture sont prises quasi quotidiennement. La lutte LGBTQI+ n’a pas seulement pour objet la liberté sexuelle, c’est aussi une lutte contre le système capitaliste patriarcal et colonial.
M.L. : Tu qualifies ton processus « d’approche ouverte, spontanée et non académique », c’est pourquoi tu te prends toi-même comme objet de tes propres expériences, ce qui t’a amené à rencontrer des historiens locaux, des activités LGBTQI + et à expérimenter localement des applications de rencontre. Comment peux-tu décrire la situation de ces minorités au Sénégal où, comme nous le savons, l’homosexualité est un crime et où les personnes LGBTIQ + font face à des violences quotidiennes?
Ce que je peux dire, c’est que la situation n’est pas facile. L’homophobie et la violence sont un fait réel et surgissent jour après jour dans la vie des personnes LGBTQI + qui vivent ici. Au Brésil par exemple, le mariage de même sexe est légal, et pourtant nous sommes le pays où le plus de personnes trans dans le monde sont tuées et attaquées. Après la récente élection de Jair Bolsonaro, l’actuel président du pays, la violence à l’encontre des personnes LGBTQI + s’est encore aggravée. Mais même face à ces scénarios négatifs, une résistance est possible. Internet finit par être un outil permettant des échanges et des rencontres au sein de la communauté. Et personnellement, je perçois ici à Dakar l’émergence d’une nouvelle génération qui arrive avec tous ces moyens et qui va certainement commencer à ébranler les structures du patriarcat colonial.

M.L. : As tu pu rencontrer d’autres artistes travaillant sur ce sujet et peux-tu nous dire comment ils et elles traitent les questions relatives aux LGBTQI + à Dakar et peut-être au Sénégal en général?
À mon avis, je ne crois pas que les artistes locaux traitent directement de ce sujet, mais bien sûr, un artiste LGBTQI+ trouvera une façon ou une autre de le suggérer, pas nécessairement dans son travail, mais dans ses discours et dans ses interventions sur la scène locale.
En 2014, une exposition sur l’homosexualité en Afrique a été fermée par le gouvernement. L’exposition a eu lieu chez Raw Material, espace de résidence et d’exposition situé à Dakar. Après ouverture, la structure extérieure de l’espace a été détruite. Quelques jours plus tard, l’un des chefs religieux liés à l’organisation islamique Jamra a donné une interview à la télévision pour demander la fermeture immédiate de l’exposition.
Un livre sur le thème de l’homosexualité au Sénégal a été récemment publié. Mohamed Mbougar Sarr, l’auteur du livre ne s’identifie pas comme LGBTQI +, malgré tout, le livre a suscité beaucoup de controverses. Pour moi, c’est un indice que le problème est en train d’être traité et que la situation pourrait bientôt commencer à changer.
M.L.: Ton travail est également connu pour traiter des problèmes raciaux en particulier tels que nous les connaissons au Brésil. Si The Black Atlantic: La modernité et la double conscience, écrit par Paul Gilroy et publié en 1993, crée une résonance sympathique générale sur ce sujet, parlant des «qualités polyphoniques de l’expression culturelle noire», on comprends aussi que la transposition des expériences est complexe entre les diaspora et l’Afrique. Par conséquent, comment abordes-tu ces questions si spécifiques en tant que Brésilien au Sénégal?
Tout d’abord j’ai besoin de dire qu’être noir est une construction. Surtout pour ceux qui comme moi viennent de la diaspora. Au Brésil, ces dernières années, nous assistons à des processus d’autonomisation et de discussion sur la racialité et le métissage. Ici, pour la première fois de ma vie, on m’a demandé si j’étais noir ou non. On m’a interrogé sur ma construction subjective et non sur mon teint.
Une chose que j’ai remarquée, et qui est différente du Brésil, est de comprendre comment les artistes locaux traitent un large éventail de sujets dans leurs pratiques, bien que le thème du colonialisme soit présent, mais toujours sur un ton plus axé sur la discussion des moyens et des stratégies de la révolution que des formes illustratives de dénonciation des problèmes sociaux.
M.L. : Tu as déjà effectué plusieurs programmes de résidence à Belo Horizonte, au Brésil, mais aussi en Europe. (Varsovie, Brême et Londres). Que penses-tu que les artistes trouveront spécifiquement à Black Rock qu’ils ne trouveraient nulle part ailleurs?
R.RG : Je pense que Black Rock agit comme une résidence / école. Nous avons des ateliers et toute une équipe de production qui fait de la résidence un environnement propice à la création et à la production d’œuvres. C’est aussi un endroit où l’on peut beaucoup apprendre. La résidence propose non seulement des cours de langue wolof, mais également des contacts avec des artistes et des acteurs locaux. Mais je pense que la chose la plus fondamentale à propos de Black Rock est la possibilité d’entrer en contact avec une Afrique contemporaine, en dehors des clichés occidentaux. Je sens une vraie stimulation à créer, mais j’ai également ressenti ici le besoin de retourner dans mon pays et de lutter plus efficacement contre la vague fasciste qui nous tourmente depuis quelques temps.
1 Goor-Jigeen signifie littéralement « homme-femme » étant composé par les termes “góor (homme) et“jigéen” (femme).
2 Rafael RG emploie le féminin pour parler des Góor Jigeen.

Raphael RG (*1986, Sao Paulo, Brésil), explore différentes formes de documentations allant de l’archive à l’expérience personnelle et s’intéresse en particulier aux formes de représentations des expériences affectives qu’il croise souvent avec des recherches portant sur l’identité raciale et qu’il restitues sous la forme d’installations, de performances, de lectures ou encore de publications. Il a rejoint la première “promotion” d’artistes invités à Black Rock, une nouvelle résidence créée à Dakar par le peintre américain d’origine nigériane Kehinde Wiley et inaugurée en mai 2019. Rafael RG qui vit et travaille entre Salvador et Belo Horizonte au Brésil, a accepté d’évoquer ses recherches dans le cadre de ce nouveau programme de soutien artistique au Sénégal qui l’accueillait cet automne.
Matthieu Lelièvre : Can you please describe what is Black Rock and what brought you there ?
Rafael RG : Black Rock é uma residência artística sediada em Dakar no Senegal. É um espaço para vivência, experimentação, criação e produção artística, não necessariamente apenas no campo das artes visuais, mas também aberto a outras linguagens.
O projeto da residencia foi criado e é gerida pelo artista plástico americano Kehinde Wiley. Wiley vem trabalhando nesse projeto a cerca de 10 anos.
Então mais do que uma residencia artística, eu acabo entendendo também o Black Rock, como uma extensão do próprio trabalho artísticodo Kehinde. Assim como em suas pinturas em que ele discute questões relativas a representação do negro dentro da história hegemônica da arte, eu vejo o Black rock como um lugar em que a partir da viabilização da vinda de artistas e pensadores negros, advindos da diáspora africana e do transito de africanos oriundos de outros países do continente, repensa e contesta o fato de grande parte da produção intelectual que circula fora da Africa sobre a Africa ter sido produzida por pessoas brancas europeias.
Uma colega artista da Africa do Sul me enviou a convocatória. Eu nunca estive na Africa Ocidental anteriormente, tive uma experiência a uns anos atrás no Marrocos, mas nunca na Africa negra. Eu li o edital e imediatamente pensei em aplicar por duas razões. Seria minha primeira oportunidade de estar na África. O Brasil foi o país que mais recebeu pessoas negras escravizadas. Calcula-se que entre 1550 e 1860 cerca de 4,8 milhões de pessoas tenham sido trazidas contra a vontade da África para o Brasil. O que faz de certa forma que a nossa cultura seja muito ligada a cultura africana. Mas apesar dessas relações históricas, o transito de artistas entre o Brasil e o continente africano não é muito estimulado. Pelo menos do lado do Brasil não é. E é claro, viajar a Africa seria uma forma de poder vivenciar toda a gama de questões ligadas a minha ancestralidade. Não que eu tivesse um interesse em buscar minhas origens, encontrar o « meu passado », mas muito pelo contrário, sempre entendi o meu desejo de conhecer a Africa como uma forma de me conectar com o meu próprio futuro. Descobrir histórias e fatos e culturas que foram arrancadas dos meus antepassados, como forma de poder construir, desenhar , imaginar um futuro. Como uma forma de me alimentar para seguir adiante.
A outra motivação advém do fato de que devido a situação política atual do país, de desmonte da cultura, processo iniciado no golpe parlamentar de 2016 que retirou a presidenta eleita Dilma Rouseff da presidência, aplicar para residencias, projetos e bolsas internacionais se tornou uma alternativa de trabalho frente a dimuição vertiginosa de investimentos públicos no âmbito da cultura no Brasil.
M.L. : The program announced 16 artists for the 2019 – 2020 season and you are invited to stay for 1 until 3 month, 3 at the time is that correct ? Who are the artists present at the same time as you are ? Do you engage in artistic conversations with them ? Is there an emulation taking place ? You are among the first artists living this experience, what do you think the spirit or philosophy of this residency will be or might become ?
R.RG : Nos fomos escolhidos via convocatória aberta. Mais de 700 artistas participaram do open call, e fomos selecionados por um grupo de 6 profissionais da arte, entre artistas, curadores e críticos. (Mickalene Thomas, Carrie Mae Weems estavam entre os jurados)
Grande parte dos artistas estão realizando residências de 1 mês. Eu sou o único que ficará 3 meses. Então eu já tive vivências com 2 grupos diferentes de artistas.
Nós temos um grande studio de 3 andares compartilhado, então acabamos sempre observando e conversando sobre o que cada um está produzindo. Acontece também de realizarmos muitas atividades externas ao Black Rock juntos. Desde a compra de materiais ou visita para locais de pesquisa. Então de certa forma sempre me sinto contaminado pelas pesquisas e projetos dos meus colegas.
E pelo o que eu pude experimentar até o momento, eu realmente acredito que o Black Rock se projetará como um lugar que tem como filosofia pensar a Africa desde uma perspectiva contemporânea e de colonial.
M.L. : According to your practice, connecting with people is very important and connections with the city and local artisans are very much encouraged. How do they support this porosity ? Is there any programm which helps you to connect locally ?
R.RG : A residência conta com uma equipe muito antenada e muito ativa na cena local. O medo inicial que eu tinha do Black Rock ser uma bolha afastada da realidade artística da cidade se dissipou logo nos primeiros dias ao perceber que o programa incluía atividades e conexões com a cena local.
No meu caso, o interesse na colaboração vai além de apenas contatar pessoas. Eu sempre busco uma instância minima de afetividade para que a colaboração se estabeleça como uma troca real. Isso me coloca numa posição em que eu me vejo num primeiro momento mais propenso a esuta e a contaminação. E muitas vezes as conexões se dão ao acaso. Antes de chegar em Dakar eu já tinha na mente minha o desejo de produzir peças em madeira, talvez devido a curiosidade que as esculturas de madeira que eu via nos livros sobre arte e cultura Africana me despertava. Fui visitar um atelier de artesões que fazem peças de artesanato e madeira e entre um deles havia um « Rastafari », claro que nossa conexão foi imediata, também sou Rasta. E criamos ali um certo tipo de cumplicidade, mesmo não falando a mesma língua. E então a partir desse encontro, eu voltei lá e iniciamos uma colaboração. Eu lhe contei uma ideia que eu tive e ele achou interessante a proposta e estamos trabalhando juntos numa série de pequenas esculturas.
M.L. : The project you proposed for your residency researches was to investigate the term Gor-Digen1 used in ancient Wolof to designate homosexuals in Senegal, where apparently and especially in Dakar, this was relatively accepted, anyways before the colonial laws and the influence of Islam. Your practice employes regularly archive as a material, what kind of material could you find and use during your researches and how did you deal with such a sensitive topic.
R.RG : Eu acredito que eu tenha me deparado com dois tipos de materiais arquivísticos diferentes, um deles se diz respeito aos arquivos tidos como oficiais. Numa visita ao arquivo nacional por exemplo, encontrei materiais relativos a recortes de jornais relatando em sua grande maioria casos de violência, escândalos, e prisões de homossexuais e noticias sobre as vezes que o governo pensou em alterar a lei que proíbe relações entre indivíduos do mesmo sexo. Fora esse tipo de material, bem diferente das minhas expectativas não tive acesso a materiais relativos ao período em que os Goor Jigeen eram amplamente aceitos na sociedade. O outro tipo de material arquivístico que eu encontrei é relativo a tradição da oralidade. Não é muito difícil, em conversas informais, com pessoas do meio artístico e intelectual local, descobrir histórias sobre os Goor Jigeen. E muitas vezes esses relatos se coincidem em muitas coisas: Os Goor Jigeen desempenhavam funções sociais, atuavam como mestre de cerimonias em festas e cerimonias familiares como casamentos e batizados por exemplo. Também eram conhecidos como excelentes cozinheiros, chegando até a ter uma receita especifica, tipo um « molho de bixa » comumente chamado de « Thiébou gordjiguéne ». E recentemente um colega senegalês me mostrou um twiter em que um jornalista afirmava que até no processo de eleição do primeiro presidente do Senegal, os Goor Jigeen estiveram presentes. Em Saint Louis eles teriam organizando um grande desfile do candidato Léopold Sédar Senghor, com muitos ornamentos, um desfile triunfante, e segundo esse jornalista, a campanha encabeçada pelas Goor Jigeen, certamente contribuíram para a vitória eleitoral de Senghor.
Poucos anos depois da independência e da eleição de Senghor em 21 de julho de 1965 foi assinada o Artigo 319: 3, da Lei Básica nº 65-60, que criminaliza relações sexuais entre pessoas do mesmo sexo com até 5 anos de prisão. Mas até os anos 80 a fama e popularidade dos Goor Jigeen era crescente. Elas não eram necessariamente associadas as práticas sexuais homossexuais, porém nos anos 80 iniciou-se uma série de escândalos na imprensa, gerando polemicas que juntamente com a repressão encabeçada pela organização islâmica Jamra fizeram o termo ser associado diretamente a praticas sexuais homossexuais fazendo com que a existência de tais figuras na sociedade fosse praticamente extinta.
M.L. : We observed in many countries that it was through the occupant laws that homosexuality became a conscious concept although it was naturally already there. Repressive laws identified it clearly and marginalized people, putting them in danger, and it is not getting better… What is your opinion regarding this situation ?
R.RG : Podemos realmente afirmar que no geral, a homofobia, da forma que conhecemos, hoje e seus efeitos, foi algo introduzido na Africa e também na America do Sul pelos colonizadores. Nesse sentido a perpetuação de leis contra a população LGBTQI+ só denuncia o quanto as relações coloniais ainda são muito ativas na Africa, apesar dos países já terem decretado sua independência. Aqui no Senegal não é difícil perceber que interesses coloniais franceses acabam dando suporte a grupos religiosos específicos e que esses grupos atuam deliberadamente na repressão da população LGBTQI+. Reprimir minorias identitárias é uma forma de se manter o poder na mão da colônia e daqueles que apoiam esse sistema político. É impressionante no Brasil como em tão pouco tempo do novo governo, decisões contra a população LGBTQI+ e contra cultura são tomadas quase que diariamente. A luta LGBTQI+ não é somente pela liberdade sexual, mas sim uma luta contra o sistema capitalista patriarcal e colonial.
M.L. : You qualified your process as an « open, spontaneous and non-academic approach » this is why you take yourself as the subject of your own experiences, which brought you to meet local historians, LGBTQI+ activits and to experience eventually yourself encounters with locals on dedicated apps. How can you describe the situation of these minorities in Senegal where as we know homosexuality is a crime and where LGBTI+ people are facing violences on a daily basis ?
R.RG : O que eu posso dizer é que não é uma situação fácil. A homofobia e a violência são uma fato real e presente no dia dia na vida das pessoas LGBTQI+ que moram aqui. No Brasil, o casamento entre pessoas do mesmo sexo é legalizado, mesmo assim somos o país que mais mata e violenta pessoas trans no mundo. E depois da recente eleição de Jair Bolsonaro atual presidente do País, a situação de violência contra LGBTQI+ vem se agravando. Mas mesmo diante desses cenários negativos, é possível encontrar resistência. A internet acaba sendo uma ferramenta que possibilita trocas e encontros entre a comunidade. E para mim é perceptível aqui em Dakar o surgimento de uma nova geração que vem chegando com tudo e certamente vai começar a balançar as estruturas do patriarcado colonial.
M.L. : Did you get a chance to meet with other artists working by this topic and can you tell us how artists are dealing with LGBTQI+ issues in Dakar and maybe in Senegal in general ?
R.RG : Na minha percepção não acredito que esse seja um assunto ao qual artistas locais estejam lidando diretamente, mas é claro que um artista LGBTQI+ acaba de certa forma trazendo essa questão, não necessariamente em seu trabalho, mas em seus discursos e em sua atuação na cena local. Em 2014 uma exposição sobre homossexualidade na Africa foi fechada pelo governo. A exposição acontecia no Raw Material, espaço de residência e exposições em Dakar. Depois da abertura a parte externa do espaço foi depredada. Dias depois um dos lideres religiosos ligados a organização islâmica Jamra deu uma entrevista na TV pedindo o fechamento imediato da exposição.
Recentemente foi publicado um livro sobre o tema da homossexualidade em Senegal. O Mohamed Mbougar Sarr, autor do livro não se identifica como LGBTQI+. Mesmo assim o livro gerou muita polêmica. Para mim isso é uma prova de que o assunto está aos poucos vindo a tona, e que muito em breve a situação possa começar a mudar.
M.L. : Your work is also known for dealing with racial issues and in particular as we know them in Brazil. If Paul Gilroy in The Black Atlantic: Modernity and Double Consciousness published in 1993 creates a sympathetic resonance about this subject, talking about ‘the polyphonic qualities of black cultural expression’ there is a limit in transposing experiences. Therefore, how do you approach thease specific questions as a Brazilian in Senegal ?
R.RG : Acho que antes de tudo o que eu preciso dizer é que ser negro, a negritude é uma construção. Sobretudo para aqueles que como eu vem da diáspora.
No Brasil, nos últimos anos estamos passando por processos de emponderamento e discussão sobre racialidade e miscigenação. Aqui pela primeira vez na minha vida me perguntaram se eu era negro ou não. Me perguntaram sobre a minha construção subjetiva e não sobre o meu tom de pele.
Algo que tenho percebido, e que é diferente do Brasil, é perceber como os artistas locais lidam com uma gama de assuntos muito variadas em suas práticas, claro que o tema do colonialismo está presente, mas sempre num tom mais sobre discutir maneiras e estratégias de revolução do que formas ilustrativas de denunciar questões sociais.
M.L. : You already did several residency programs in Belo Horizonte but mostly in Europa. (Warsaw, Bremen and London). What do you think the artists will find specifically in Black Rock they could not find anywhere else
R.RG : Acho que black rock atua como uma residência/escola. Temos os atelies e todo uma equipe de produção que faz a residência ser uma ambiente propicio para a criação e produção de trabalhos. Porém aqui é também um lugar em que se aprende muito. Não só pelas aulas de língua Wolof que a residência oferece semanalmente, mas também pelo contato com artistas e agentes locais. Mas acredito que o mais fundamental do Black Rock é a possibilidade de entrar em contato com uma Africa contemporânea, fora dos clichês ocidentais. Me sinto muito estimulado a criar, mas também tenho me sentido muito estimulado á voltar para o meu País e lutar de forma mais efetiva contra a onda fascista que tem nos assolado ultimamente.
1Goor-Jigeen litérally means « man-woman » composed vy the two words “góor (man) et“jigéen” (woman)